Résidence d'écriture
Un nouveau Lieu de création artistique, le 232U
59620 Aulnoye-Aymeries
 
 
 
Le théâtre de chambre, dirigé par Christophe Piret ouvre son lieu de création dans une ancienne gare de triage réhabilitée. Une étape importante pour une compagnie dont le projet artistique intègre, depuis plus de dix ans, une approche singulière des développements culturels sur son territoire d’implantation.
 
Le théâtre de chambre fabrique un théâtre au plus proche des êtres qui porte la parole ordinaire, les rencontres du quotidien avec ses voisins, proches ou lointains. Il est installé depuis 2002 dans des anciens bâtiments SNCF situés dans une ZAE appelée « La Florentine » à Aulnoye-Aymeries. Après d’importants travaux de réhabilitation, une partie de l’ancienne gare de triage devient le 232U, nom de la dernière locomotive à vapeur sortie des hangars de réparation du dépôt ferroviaire de La Florentine. Lieu de répétition et de fabrication des spectacles du théâtre de chambre, le 232 U accueillera régulièrement d’autres artistes en résidence et ouvrira ponctuellement ses portes au public pour des spectacles, des concerts, des stages, des évènements singuliers…
Avec cet espace dédié à la rencontre entre les artistes et les populations les plus diverses, le théâtre de chambre franchit un nouveau cap dans son projet de décentralisation et de démocratisation culturelles au coeur de l’Avesnois.
La compagnie a choisi « d’ouvrir le voisinage » avec des parcours et des performances inventées pour fêter l’ouverture du 232U.
Elle a proposé à des auteurs, metteurs en scène, comédiens, plasticiens, musiciens, vidéastes, constructeurs/sculpteurs, danseurs d’investir le lieu pour créer l’évènement.
 
Durant une semaine, les artistes suivront les "voisins" du théâtre et, en particulier, Dominique Paquet suivra le maire de la ville dans ses actions et déplacements.
 
 LA VOIX DU NORD
Avec le 232 U, la Florentine
devient le théâtre de folies ordinaires
 
 
dimanche 25.04.2010, 05:02 - La Voix du Nord
 
Les performances chez les voisins, au départ du 232 U, ont été inventées pour fêter l'ouverture. Les performances chez les voisins, au départ du 232 U, ont été inventées pour fêter l'ouverture. Une quarantaine d'esprits malins ont envahi hier la Florentine, ses bâtisses, ses tours et ses voisins. Pour pendre la crémaillère du Théâtre de Chambre, au 232 U, la fabrique de locomotives devenue celle de spectacles.
 
Les quatre cafetières tournent plein pot. Il est 7 h 30, dans une heure on quittera le bar du hangar réhabilité : ce sera le premier rendez-vous. Le principe ? Devant la bâtisse, au pied de la porte orange, on attend un(e) gentil(le) guide reconnaissable à son gros panneau orange numéroté. C'est le même numéro que celui que vous avez sur votre ticket ? Super, c'est parti.
 
« Le 232 U c'est un conteneur à rêves, avec contenance moyenne de 232 utopies. » Cachée dans son jardin suspendu sur la tour, Charlotte sait de quoi elle parle. La comédienne lilloise des Chiennes Savantes est l'une des premières artistes à profiter des résidences qu'offre le 232 U. Ce jour-là, avec Adrien aux platines, elle cultive le théâtre dans son jardin aérien. Un espace vert improbable que Pascal et les bras de Synergie auront aménagé, à grands renforts de poulies et de cordes, sans craindre les trois étages : « c'est pas parce qu'on est dans l'Nord que ça peut nin pousser ! » entend-t-on en fond sonore, café en main.
 
Au pied de la tour, rencontre avec l'humain. On se faufile sous un amas de déchets et on s'invite chez Ramon. Une rencontre du Théâtre de Chambre lors d'une résidence dans le Pas-de-Calais. Simone Cinelli a su capturer des images de ce berger franco-espagnol qui vit avec ses poules, ses moutons et toute son humanité dans une montagne de déchets en bordure d'un terril. Bouleversant.
 
Pour s'en remettre, on part boire une mousse à un jet de détritus de là, chez les Droissart, qui ont accepté d'ouvrir leur belle véranda. C'est Annie qui nous accueille, avec fromages et bières. Il est 10 h 30. Et on se dit que le café ce n'était pas si mal que ça. À peine le temps de tremper les lèvres et voila qu'un retardataire s'immisce. « Un journaliste » qu'il nous dit, « pressé » en plus. Môssieur est venu tirer le portrait d'Annie, « sa vie lamentable, parce que le malheur fait vendre ». Le sang (pour cent ch'ti) de la Sambrienne ne fait qu'un tour : « J'en ai fait valser plus d'un, quand j'étais petite on m'appelait la tigresse et je voulais être dans la Légion étrangère. Je vais te l'expédier sur le tapis le pti'parigot ! » Et voila que la demi-portion de la capitale manque de manger la baie vitrée. Bon, en réalité, on apprend qu'il s'agit de Gilles Costaz, l'une des voix de France Inter, qu'il a rencontré Annie avant-hier, le jour même où il a pondu la piécette.
 
Midi et vous pensiez la journée terminée ? Houla, non. Dès 14 heures, ça repart de plus belle, avec encore plus de monde et toujours autant de parcours, une quinzaine ! Là, inutile d'espérer se faufiler dans les rendez-vous réservés de longue date, et encore moins d'assister à la pièce de la compagnie l'Oiseau-Mouche, bondée. Alors peut-être que certains auront eu la chance de voir danser Elena dans la salle de répétitions. En tout cas, ils se seront consolés dans les caravanes délirantes, après avoir fait la queue, en plein soleil. Avant les discours. Standing ovation pour un Christophe Piret aussi lyrique qu'ému. Applaudissements encore pour un Bernard Baudoux philosophe, coaché par Dominique Paquet. Avant le retour des festivités en soirée. On prend les mêmes, et on recommence... Et pour le 232 U, ce n'est que le début. •
 
PIERRE ROUANET