Vous allez bientôt
découvrir mes livres, des pièces avec des
drôles de titres et vous vous demanderez sûrement en
regardant les couvertures: mais pourquoi ces titres
bizarres?
Oui, pourquoi ? Je
choisis mes titres toujours très soigneusement car je
souhaite qu'ils n'aient jamais existé avant moi, sur aucune
couverture de livre, d'album, de BD.Je cherche des combinaisons de
mots nouveaux car je ne me vois pas écrire la Nième
merveilleuse aventure d'un détective, ou le
millionième Mystère de la grotte inconnue, ou la
milliardième Bêtise de la princesse Chose. Je les
cherche longtemps, je mélange les mots, je les marie, les
sépare, les retourne, jusqu'à ce qu'ils disent
exactement ce que je veux dire. J'ai même inventé le
jeu des titres et je veux bien vous donner la règle car si
vous vous ennuyez dans les embouteillages, vous pouvez y jouer
sans matériel avec tous ceux qui sont dans la voiture :
inventer des titres de livres ou de pièces que l'on
écrira jamais mais qui sont drôles, touchants,
insolites, curieux. Il n'y a pas de gagnants ou de perdants juste
le plaisir d'inventer ensemble !
Puis vous ouvrirez le
livre et vous y lirez le nom des personnages. Pour eux aussi, je
choisis des noms précieux. Je n'ai pas envie de les appeler
X ou Y ou la dame, le monsieur, le père, la mère,
l'enfant, le lion, la poule, le moustique, la cafetière
électrique. J'ai envie de les faire exister par un nom qui
n'appartient qu'à eux, un nom que vous aurez envie,
j'espère, d'incarner, de jouer, de mâcher
consciencieusement dans votre bouche comme un bonbon au cassis, ce
sont mes préférés, même s'ils collent
beaucoup aux dents.
J''essaie toujours
d'écrire une histoire qui n'a jamais existé et que
j'ai rêvée dans une sorte de demi-sommeil ou de
rêverie éveillée. Ou que j'invente au fil de
mon stylo à l'encre bleue des mers du sud. Je fais beaucoup
de brouillons car je cherche mes mots. Cela doit vous rassurer car
vous vous dites sûrement : c'est une autrice, écrire
est facile pour elle ! Nous, on mâchouille nos stylos, on
suce nos gommes en essayant d'extirper des mots de notre
tête et ces maudits mots sortent avec difficulté
'Rassurez-vous, moi aussi je cherche longtemps le mot juste. Vous
voyez, nous ne sommes pas si différents !
Vous allez les lire ces
mots et puis peut-être les jouer, devenir Azou, la Loutre,
le Pivert des acacias, Trita, Petit Fracas ! Amusez-vous,
laissez-vous porter par le plaisir de jouer, envolez-vous ! Sur
scène, vous êtes dans votre pays le plus secret et le
plus vaste, cette scène qui vous appartient ! N'y montez
pas comme sur l'Himalaya en oubliant de reprendre votre souffle,
ni à reculons en flageolant des jambes, ni avec l'orgueil
du cabot qui veut faire rire ses camarades. Montez-y simplement,
entrez en scène et voilà, c'est fait, je vais
parler, ils m'écoutent. Il y a 2500 ans en Grèce, -
je sais vous n'étiez pas nés, vous n'étiez
même pas encore un désir dans le coeur de vos parents
-, un nommé Thespis se promenait de village en village pour
raconter des histoires. Il se mettait sur un chariot face aux
villageois et il racontait la vie de personnages merveilleux qui
avaient peut-être existé, faisait rire ou pleurer, et
chacun rentrait chez lui avec ces mots plein la tête et
s'endormait bercé par le souvenir de ces paroles. Ces
paroles qui répondaient peut-être à une
question qu'il se posait.
C'est ce que je vous
souhaite. Le bonheur de lire, de jouer, de rêver dans la
douceur et l'énigme des mots.
Avant de vous quitter, au
fait j'oubliais. J'ai les yeux bleus. Ce n'est pas très
important pour moi mais pour ceux qui me croisent, oui, ils m'en
parlent tout le temps. Peut-être que vous aurez envie de les
voir en vrai comme j'ai envie de découvrir tous vos
visages. Je l'espère.
Dominique
Bibliographie
La consolation de
Sophie
Théâtre -
Editions «L'Ecole des Loisirs»
Comment vivre sans lui ?
Comment vivre sans avoir peur du noir ? Comment se consoler
d'avoir de mauvaises notes ? Comment ne pas penser sans cesse
à Sinan ? Comment en finir avec le chagrin ? Trita ne sait
pas et se désespère.
Soudain une inconnue sort
de son armoire et lui propose de l'aider.
Qui est-elle ? Une
fée ? Peut-être.
Les échelles de
nuage
Théâtre -
Editions «L'Ecole des Loisirs»
L'histoire se passe en
Chine. Un soir, Zao Ming confie à son ami Shen You qu'il ne
restera pas une heure de plus chez lui. Pourquoi ? parce que la
Chine change trop vite,l'argent commande tout, ses parents en sont
devenus les esclaves et ne s'occupent plus de lui. Son ami le
suit. Ils iront, d'épreuves en épreuves, jusqu'au
bout du monde avec comme compagnons de route des pinceaux et des
mots pour dire le monde comme il va et comme on le
rêve.
Les escargots vont au
ciel
Éditions
Théâtrales || Jeunesse
La loutre, une enfant de
neuf ans, l'âge des interrogations; un père joueur
qui aime sa fille mais plus encore les chevaux, une mère
absente et chargée d'enfants de différents
pères ; un facteur philosophe, le Pivert des Acacias, qui
dans son arbre creux accumule les lettres et lit pour apprendre le
monde. Le Pivert des Acacias rencontre la Loutre tandis que
là-bas, le père fait des paris. Il l'entraîne
dans une escapade philosophique folle, qui permet à
l'enfant de découvrir la nature et d'y trouver sa place.
Gaston Bachelard disait que l'enfant est un rêveur
définitif. Dominique Paquet lui rend hommage avec malice en
lui donnant pour partenaire cette petite fille pleine de questions
et d'émerveillements.
Maman
Typhon
Théâtre -
Editions «L'Ecole des Loisirs»
Talma vit avec sa fille,
Camille, au bord de la mer. Le père, lui, sillonne les
océans. Quand Talma rentre le soir épuisée,
elle ne prend guère le temps de s'occuper de sa fille,
expédie le repas, s'énerve contre elle. Cela ne
plaît pas du tout à Camille qui aime grimper sur les
armoires pour observer le monde, s'inventer des histoires, parler
à sa grenouille, surveiller ses plantations, commander aux
éléments. Mais ce qu'elle aimerait par-dessus tout,
c'est réussir à calmer sa mère, plus
indomptable que les plus fortes tempêtes. Y
parviendra-t-elle ? onjugués de vie et de mort, comme on en
fait à l'adolescence.
Son parfum
d'avalanche
Éditions
Théâtrales || Jeunesse
D'ordinaire, on dit aux
enfants de ne pas rester dans leur bulle. Tyrse, Ezir et Azou,
petit bébés espiègles n'ont pas le choix.
Coupés du monde extérieur par des parois de verre,
ils ne peuvent que se voir et s'entendre.
Mais la tentation du
dehors est trop forte : ils désirent rencontrer les enfants
qui chantent sous leur fenêtre et jouer avec eux. A peine
sortis de leurs prisons toutes rondes, ils partent à la
découverte de continents jusqu'alors interdits, territoires
immenses qui s'ouvrent désormais: l'amour, l'amitié,
la peau et le corps des autres qui exacerbent leurs sensations.
Avec Son parfum d'avalanche, Dominique Paquet propose un texte
poétique et philosophique s'adressant aussi aux
tout-petits.
Biographie
Actrice, elle mène
parallèlement des études de philosophie :
Alchimies du maquillage Chiron, 1989 ; Miroir, mon
beau miroir, une histoire de la beauté, Gallimard,
1997, traduit en 10 langues ; La dimension olfactive dans
le théâtre contemporain, L'Harmattan, 2005 ;
Le Théâtre du Port de la Lune, Confluences,
2003.
Chargée de cours
dans plusieurs universités, co-directrice du Groupe 3/5/81,
elle travaille à des adaptations de textes
littéraires ou philosophiques, (Platon, Descartes, Onfray,
Bayard) et écrit des pièces pour le jeune
public : Les Escargots vont au ciel, (1997), Son
Parfum d'avalanche (2003), Petit-Fracas (2005) aux
éditions Théâtrales ; Un hibou
à soi (1999, Manège éditions), Les
Echelles de nuages, (2002), Cérémonies
(2004), La Consolation de Sophie (2011) à
l'Ecole des Loisirs, Un amour de libellule, Les Tribulations
d'une pince à glace, Général Courant d'air
(2005) à L'avant-Scène/Les quatre vents),
Passage des hasards (2006, Lansman), Les Cygnes
sauvages, L'Ile des poids mouche, Retz) ; pour le tout
public, Congo-Océan (1990, Chiron), La Byzance
disparue (1994, Le bruit des autres), Cambrure fragile
(2002, Comp'Act), Froissements de nuits (2002),Terre
parmi les courants (2007), aux éditions Monica
Companys, Nazo Blues (2001), Votre boue m'est
dédiée (L'Amandier, 2006).
Lauréate de
plusieurs bourses et prix, elle est actuellement présidente
des Ecrivains associés du Théâtre et
codirectrice de l'Espace culturel Boris Vian des Ulis,
Scène conventionnée jeune public et
adolescent.
EXTRAIT
«
À la découverte de cent et une pièces
»
Marie
Bernanoce
Editions
Théâtrales
L'écriture pour
les jeunes, cela me permet un abandon à ce qu'il y a de
plus enfoui, de pus secret, de moins opaque! L'opaque n'est
justement pas ce qu'il y a de plus caché mais de plus
affleurant, c'est-à-dire toutes les constructions de la
rationalité et de l'éthique raisonnée. En
revanche, la clarté est enfouie, à peine. Elle ne
demande qu'à resurgir... une clarté de la
naïveté, de la simplicité, de
l'évidence, ce qui bien sûr n'exclut ni les
fantasmes, ni la perversité polymorphe, ni le
machiavélisme enfantin. Cette simplicité demeure
peut-être une illusion d'enfance (le mythe immémorial
de l'innocence !). Non, c'est sans doute comme j'ai écrit
jeune, une proximité avec la naissance de l'écriture
dont je veux parler. Quelque chose qui soit philosophique sans la
théorie. Et puis je me laisse aller à la dramaturgie
qui vient sous la plume et je ne construis pas autant que pour le
tout public. Voilà. C'est une écriture avant le
logos.